Le temps était clair sur Ankh-Morpork, autant qu'on puisse l'appeler "clair" alors que la lumière du soleil était considérablement affaiblie par les nuages de fumée, de gaz et d'autres choses qu'il vaut mieux éviter de détailler, sauf si vous tenez a rendre votre précédent repas. Mais ce soir, pour Ankh-Morpork, le temps était absolument radieux, et ce depuis une dizaine de jours. Mais malgré la bonne humeur ambiante qui revenait avec le printemps, cette soudaine éclaircie n'était pas au goût de tous...
- CHIOTTE!!, s'exclama Karyû.
En vérité, elle employa d'autres termes beaucoup plus colorés, mais si par le plus grand des hasards un jeune lecteur passerait par là, je m'en voudrais presque de lui mettre en tête des images inappropriées.
Mais cela résume en effet relativement bien l'état d'esprit de la jeune fille, que ce renouveau avait mis de très mauvais poil. A ceci venait s'ajouter l'attente presque interminable pour préparer sa carte attestant sa majorité avancée (elle disait qu'elle aurait le temps d'être majeure et de finir sa vie en beauté avant qu'elle ne soit terminée et tamponnées, mais elle exagérait. Un peu.) et le refus du Guet d'engager une personne mineure, ainsi qu'n=une nouvelle réprimande de la part du Dr. de Monterminable (gentiment surnommé Cour-interminable par ses élèves), qui lui avait pour la centième fois répété que fumer c'est ma et qu'il lui fallait un peu plus de prudence car l'art de l'escalade est un travail précis et soigneux. La jeune femme shoota dans une chos non identifiable et l'envoya valser dans le caniveau. Toujours aussi en colère, elle entra dans un des bars mal famés des Ombres qu'elle affectionnait tout particulièrement. Un soupire exaspéré lui échappa quand elle vit que presque toutes les places étaient prises, et qu'elle devrait s'assoire à côté de gens si elle voulait boire. Elle se rendit au bar et, avec sa tête des mauvais jours, commanda un coktail cerise-vodka, puis une fois sa boisson en main alla s'installer auprès de quelqu'un qui avait l'air un peu moins chiant que les autres pour ruminer ses pensées.
Elle en était à insulter son prof de tous les noms qu'elle connaissait et s'attaquait aux plus inventifs quand elle fut soudain interrompue par une remarque impromptue. Légèrement décontenancée, elle jeta un coup d'oeil à la ronde pour s'aperçevoir que son voisin, un parfait inconnu, essayait d'établir le contact avec elle alors que sa tête (celle de ses plus mauvais jours) aurait fait fuir plus de la moitié de la population des Ombres. De plus en plus ombrageuse, Karyû écouta l'étranger répéter sa phrase dans le but de lui lancer une remarque bien sentie et peut-être un poing, voir même un couteau si il s'y prennait de façon trop stupide.